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Est-ce que les parents qui font l'école à la maison ont les compétences requises pour le faire?

Récemment, une étudiante du Baccalauréat en éducation préscolaire et enseignement primaire de l’UQAC m’a contactée, dans le cadre d’un de ses cours, pour avoir mon avis sur une question que j’ai trouvée fort intéressante; selon vous, les parents qui choisissent de faire l’école à la maison ont-ils les compétences requises pour enseigner à leurs enfants?

Après m’être sincèrement posé la question, j’ai eu envie de vous partager ma réflexion sur le sujet.

D’entrée de jeu, c’est une question trop large et complexe pour pouvoir y répondre simplement par oui ou non. Je me suis d’abord demandée par qu’entend-on par « compétences requises » ?

  • Que les parents soient assez bons académiquement ?
  • Qu’ils aient une bonne gestion de classe?
  • Qu’ils sachent créer un lien signifiant avec l’élève?
  • Qu’ils puissent faire des liens entre les notions et la vie réelle du jeune?
  • Qu’ils puissent porter un jugement sur le niveau de maîtrise de la notion par l’enfant?

Je crois que c’est un bon début pour amorcer une réflexion…

Qu’ils aient une bonne gestion de classe

Quand j’ai rencontré, pour la première fois, une maman qui faisait l’école maison, en bonne prof, fraîchement sortie de quatre longues années universitaires, j’étais remplie de préjugés. Je me disais que, moi, je n’oserais jamais m’improviser infirmière, que c’était impossible que ces mamans sachent tout ce que j’ai appris à l’université et bla bla bla, bla bla bla…

Ayant mis mes préjugés de côté, j’ai quand même laissé une chance au coureur et c’est là que j’ai découvert quelque chose à laquelle je ne m’attendais pas du tout. En fait, j’ai compris que, les parents, ils n’ont pas besoin de savoir tout ce qu’on a appris à l’université.

D’abord, la gestion de leur classe, elle ne se fait pas comme dans une école, dans une classe. Leur gestion de classe, ils la maîtrisent depuis que leurs enfants sont nés. Ils en ont fait des essais et des erreurs pour savoir ce qui fonctionne bien avec ces petits êtres pour ne pas vivre dans un perpétuel chaos. Leur statut de maman cane qui dirige ses canetons avec bienveillance et fermeté a été établi il y a de cela quelques années déjà.

Qu’ils sachent créer un lien signifiant avec l’élève

Ils ont une relation avec ces petits êtres, avec leurs enfants, que personne d’autre au monde ne pourra jamais avoir. Il n’y a personne au monde qui veut le bien-être de ces enfants-là plus que leurs parents. Il n’y a personne d’autre au monde qui veut le bien-être de leurs enfants plus que leurs propres parents. Je ne pense pas avoir besoin d’ajouter autre chose…

Qu’ils puissent faire des liens entre les notions et la vie réelle du jeune 

À savoir si le parent sera en mesure de faire des liens entre les notions et la vie réelle du jeune, je pense que poser la question c’est y répondre. Quand on fait l’école maison, on est avec son enfant pratiquement 24h/24. On découvre les notions ensemble, on les réfléchit, on les travaille, puis on fait aussi toutes les autres activités de la vie de l’enfant avec lui. Le parent est très conscient des notions que l’enfant est en train de travailler, de ces défis et des notions vues les mois passés. Rien de plus facile que de faire des liens entre les notions et sa vie quand on assiste aux premières loges à tout ça! 

J’oserais même dire, qui de mieux placer qu’un parent pour faire ça?

Qu’ils soient assez bons académiquement

Il arrive que le parent ne se souvienne pas en détail de toutes les notions (ça nous arrive aussi parfois même en tant qu’enseignant!). Si le parent sent qu’il ne maîtrise pas la notion suffisamment pour l’expliquer à son enfant,  il n’hésite pas à chercher de l’aide. Soit par le biais d’un programme comme le mien, soit via des tuteurs privés (et il y en a de plus en plus), soit par des sites comme AlloProf ou des capsules vidéos, soit par des gens de leur entourage qui sont bons dans différentes matières. Il m’arrive de recevoir des courriels de parents qui veulent s’assurer d’avoir bien compris la notion ou qui veulent des précisions sur les nouvelles appellations de certains éléments comme le prédicat par exemple. C’est une préoccupation des parents et donc, ils ont à coeur d’avoir des ressources fiables pour s’assurer de bien faire les choses.

Qu’ils puissent porter un jugement sur le niveau de compréhension de la notion par l’enfant

Finalement, à savoir si les parents ont les compétences nécessaires pour enseigner à la maison à leurs enfants, on peut se poser la question de l’évaluation. Est-ce qu’ils sont capables d’amener leurs enfants au niveau attendu selon le programme québécois? Sont-ils en mesure de former des élèves suffisamment qualifiés pour qu’ils puissent s’intégrer dans la société et y apporter leur contribution? 

Je n’ai pas fait une étude en bonne et due forme sur la question, mais d’autres l’ont fait et les résultats sont plus que concluants. Les élèves d’école maison ont de très bons résultats académiques en plus de démontrer une grande ouverture sur le monde et une grande autonomie. Mon expérience personnelle abonde aussi en ce sens. Chaque année, j’offre le service d’évaluation annuelle (évaluation qui est obligatoire pour chaque enfant, au moins une fois par année), dans laquelle il nous est demandé d’évaluer les compétences  de l’enfant en fonction de son niveau scolaire, toujours selon le programme de formation de l’école québécoise, donc, selon les mêmes critères qu’à l’école. À moins d’avoir un enfant ayant des difficultés particulières, les élèves d’école maison sont très forts académiquement. 

Les parents, ces adultes qui, je le rappelle, veulent le plus au monde le bien-être de leurs enfants, ont cette tendance à être très exigeant envers leurs enfants. D’une part, à cause de la pression sociale de ne pas bien réussir à enseigner à leur enfant, d’autre part parce qu’ils connaissent bien leurs enfants et qu’ils savent qu’ils peuvent s’appliquer mieux, en donner plus, etc., et d’autre part parce qu’ils sont constamment en 1 pour 1 avec l’élève alors ils ne laissent pratiquement rien passer!

En conclusion

À la question est-ce que les parents qui choisissent de faire l’école à la maison ont les compétences requises pour enseigner à leurs enfants,  force est de constater que, certes, ils n’ont pas les mêmes qualifications qu’un enseignant détenteur d’un BACC, mais est-ce qu’ils ne sont pour autant pas qualifiés pour le faire… j’en doute fortement

Évidemment, il y a des exceptions, il ne faut pas se leurrer, mais peut-on prétendre que tous les enseignants qui sont responsables de la scolarisation d’une vingtaine d’élèves à la fois sont également adéquatement qualifiés?

 

Alors, à toutes les mamans (et les papas) qui doutent de leurs compétences pour enseigner à leurs enfants, faites-vous confiance, vous avez amplement ce qu’il faut pour le faire! Et si vous avez besoin de soutien, continuez d’aller le chercher comme vous êtes plusieurs à le faire!

C’est de cette façon que vous pourrez continuer d’offrir à vos enfants des opportunités différentes, riches et tellement précieuses!

 

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